Avant tout, je dois vous faire part d'un point important : j'aime voyager dans des pays froids l'hiver et dans les tropiques l'été (même si les tropiques l'hiver me conviennent aussi. A vrai dire, ce sont plutôt les pays froids l'été qui pourraient me déranger). Bref. En avril 2009, je me suis donc envolée pour Saint-Pétersbourg. Vous allez me dire, oui mais avril c'est pas vraiment l'hiver. Et bien en Russie, si! Départ de Paris 10°C, escale à Francfort 3°C, arrivée à Saint-Pétersbourg: -5°C! Le problème c'est que lorsqu'il ne neige plus en Russie, les mètres de glace accumulés se mettent à fondre. Autrement dit, de mars à mai, vous pataugez!
Étant un véritable glaçon, j'avais de toute façon prévu la doudoune, les après-ski et les gants. Et Dieu merci en Russie, il y a la chapka (et la vodka!). Ainsi affublée, me voilà dans le cœur de Saint-Pétersbourg. Première rencontre: une homme complètement ivre tient absolument à me raconter sa vie en russe malgré ma gestuelle démonstrative et ma phrase (que je répèterais sans cesse pendant 3 jours): "sorry, I don't speak russian!". Au moins, le ton est donné!
Après presque une heure de marche dans des avenues grandes comme nos autoroutes, je trouve enfin mon hôtel. A vrai dire mon partenaire (inutile de demander, je ne développerai pas davantage sur cette personne) m'a beaucoup aidée, mon sens de l'orientation me jouant parfois quelques tours... Hôtel très sympathique, personnel accueillant et chambre plutôt spacieuse: parfait! Dommage que l'hôtel se situe derrière une station essence désaffectée squattée par des Hell Angels Russes (oui, ça vaut le détour!) Si ça vous tente, http://www.amaranta.ru/
Heureusement, le théâtre Mariinski et le quartier attenant ne sont pas loin. Une fois la nuit tombée, la ville est éclairée par des lumières orangées qui vous donnent l'impression de déambuler dans un village de Noël: magique!
Pour goûter un Bortsch absolument divin, il faut aller dans la rue Glinki Oul. (si mes souvenirs sont bons), juste à côté du "pont des baisers". Décors somptueux, cuisine gastronomique, vins excellents et, cerise sur le gâteau, les serveurs sont également chanteurs. Entre deux services, ils se mettent donc à chanter des grands airs d'opéra dans le restaurant. Unique!
(Et pour les amateurs du film "Les poupées russes", rendez-vous dans la rue de l'architecte Rossi, la rue "parfaite", derrière la place Ostrovski en venant de Nevski Prospekt)
Le lendemain, direction l'Hermitage, l'un des plus majestueux (et des plus grands) musées d'Europe. Une pure merveille! La place gigantesque et l'ancien palais majestueux qui la domine nous livrent une version absolument grandiose de ce que devait être Saint-Pétersbourg à l'époque des Tsars. Et moi, je suis comme une gamine dans un rêve éveillé! Après des années passées à éplucher moult ouvrages sur la Russie en général et sur la famille Romanov en particulier, je me retrouve ici, sur cette place mythique, prête à franchir, comme Anastasia en son temps, la porte d'entrée d'un palais digne d'un conte de fées.
Mon séjour de trois jours est, comme la plupart du temps, dédié aux visites culturelles en tout genre. Après le musée Pouchkine (et sa porte trop petite), la coupole de la basilique Saint-Isaac (et sa vue sur un Saint-Pétersbourg qui ne s'est jamais reconstruit après-guerre), la magnifique église Saint-Sauveur-sur-le-sang-versé (tout un programme !) et de nombreuses petites églises orthodoxes absolument somptueuses, il est grand temps de dévaliser les boutiques de matriochka. Des immenses, des minuscules, des sculptées, des vernies: il existe toute sorte de poupées russes, pour le plus grand plaisir des yeux (et le plus grand malheur du porte-monnaie). Le principe est toujours le même: une histoire est racontée à travers des scènes imagées représentées sur chaque poupée. La plupart est issue des contes populaires, le plus fameux étant ceux de Baba Yaga. Figure emblématique de la mythologie slave, Baba Yaga est une sorcière qui a la réputation de manger les enfants égarés. Sympathique, non? Toujours est-il que les illustrations des contes populaires sont toujours absolument magnifiques. Dignes héritières des enluminures du Moyen Age, les scènes sont travaillées minutieusement et souvent agrémentées de touches d'or: un vrai régal pour l'amatrice d'art slave que je suis!
Et pour finir cette immersion russe comme il se doit, j'ai eu également la chance d'assister à une représentation du célèbre ballet de Noureev, Roméo et Juliette. Entendre la musique de Prokofiev dans le théâtre Mikhaïlovsky, l'un des plus beaux théâtre de Saint-Pétersbourg et admirer le ballet du Kirov sur scène, honnêtement, ça ne se décrit pas, ça se vit!
Malgré des journées dominées par un froid rude et humide souvent entrecoupées de longues pauses à déguster les meilleurs chocolats viennois qu'il m'ait été donné de goûter, la Russie garde toujours cette chaleur qui fait de ce pays un lieu unique. Raffinement, discipline et magie, voilà ce que m'évoque aujourd'hui le mot "Russie". Mon séjour à Saint-Pétersbourg aura donc été à l'image de cette ville: somptueux.